Observatoire des Saisons

Agriculture et changement climatique : les experts en parlent

A la fois victime et responsable du changement climatique, l'agriculture est soumise à une double contrainte: alléger son empreinte sur l'environnement tout en augmentant sa production de 70% d'ici 2050, le tout pour répondre aux besoins croissants de l'humanité.

La hausse des températures, si elle se poursuit au rythme actuel, risque fortement d'affecter la productivité, en particulier des régions déjà fragiles, prévient le climatologue Jean Jouzel, vice-président du groupe des experts de l'Onu sur le climat (Giec).

« La température s'est élevée en moyenne de 0,8 ° C sur la planète depuis 1900 et de 1,4 ° C en France. Cette hausse a un impact négatif sur les cultures. Le rendement du blé a baissé de 2 % par décennie depuis 1980 et celui du maïs de 1 %... Les dates des vendanges, des semis et des récoltes ont déjà été avancées de deux à trois semaines depuis les années 1950. Les tensions s'accroîtront au fur et à mesure de la baisse des ressources en eau et le réchauffement se poursuit. Une hausse de 1 à 2 ° à l'horizon 2030-2040 est inéluctable car elle est liée à des émissions passées de gaz à effet de serre. » Avance Jean-François Soussana, directeur scientifique à l'INRA.

Car l’agriculture, victime, est aussi une cause du dérèglement climatique et contribue en France pour 20% aux émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent l'atmosphère - davantage quand la déforestation est importante.

Plus encore que le carbone (CO2), elle émet principalement du méthane (40% des émissions) et de l'oxyde d'azote (50%), des gaz au pouvoir 30 fois et 300 fois plus réchauffant que le CO2. L'élevage est lui-même responsable de 20 % des gaz à effet de serre, comment les diminuer ? Jean-François Soussana et Michel Griffon (agronome et économiste) avancent une orientation vers une agriculture « climato-intelligente », capable d'émettre peu de gaz à effet de serre, de s'adapter au changement climatique et d'assurer la sécurité alimentaire.

Et effectivement des solutions existent !

A Montpellier, le département d'écotechnologies de l'Irstea, Institut de recherche sur l'agriculture et l'environnement y travaille: réduction des phytosanitaires, meilleur usage de l'eau...

L'agroécologie, qui consiste tout simplement à associer des arbres avec des cultures et/ou des animaux sur une parcelle agricole, montre de nos jours son intérêt et ses vertus quant à l'augmentation du rendement des cultures ! Et dans la même rame l'agro-foresterie*, qu'en peu de temps montre des résultats surprenants.

Quant à la "méthanisation" qui recycle le lisier, fortement émetteur, en source d'énergie, elle offre déjà une réponse à l'élevage, qui doit être complétée par adaptation du régime alimentaire.

Pour Jean Jouzel, "c'est en effet important que la profession agricole prenne conscience que (le climat) c'est son problème, pas celui des autres". Parce qu'elle "a un rôle très positif à jouer en termes de solutions".

Car, Avec quatre degrés en plus, la production agricole sera gravement menacée sur la planète. Pour éviter ce scénario catastrophe il faut que nous agissons : agriculteurs et consommateurs.