Observatoire des Saisons

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Le 5 septembre 2024, par LECLAIRE MARIETTE

Réflexions sur l'observation de la nature (Mariette Leclaire observatrice de l'ODS depuis 2013)

Depuis mon témoignage de 2017 dans la Lettre de l'ODS, je suis toujours fidèle à ma région, le Sud-Aveyron et plus particulièrement le Rougier de Montlaur (géographiquement et officiellement Rougier de Camarès). 

Le site et les fiches de l'ODS sont très bien faites, mais je me suis toujours demandée pourquoi le départ des oiseaux migrateurs  n'était pas pris en compte ? Pour moi je pense qu'il est aussi important que leur arrivée, même peut être plus au niveau connaissance du changement climatique et évolution de la biodiversité. Je me suis aperçue au fil des années que beaucoup de choses ont changé.

Par exemple en 2010 (ma première année au Petit Toulouse) les guépiers que j'avais souvent observés dans le Gard et l'Hérault n'étaient pas présent sur notre commune, ils ont commencé à s'installer dans plusieurs endroits de la commune en 2012, par petit groupe (de 6 à 10 individus). Leur nombre a augmenté jusqu'en 2021 depuis il ne reste plus que deux petits groupes qui ont abandonné le site (près du Petit Toulouse) situé dans la berge du Dourdou et qui a subi les inondations en 2014, 2022. Y aurait-t-il aussi une nourriture moins abondante ?


 

A leur arrivée, début mai ils sont venus revoir leur ancien domaine (photo ci-dessus) mais sont repartis sur un site plus en amont (environ à 2 km) sur les bords du Dourdou. Peut être comme tous les ans, début septembre, ils passeront faire un vol d'adieu et surtout un vol de ravitaillement avant leur migration car Le Petit Toulouse (ma station) fait parti du Moulin Neuf (hameau long d'un km au bord de la RD 999) sont situés au pied d'une colline couverte de bois « sauvages », exposés à l'Est, avec beaucoup de jardins qui fournissent de nombreux insectes et papillons aux oiseaux. 


 

L'ancien site des guépiers près du Petit Toulouse est un havre de paix pour la faune, situé au milieu de cultures (céréales, millets tournesol, prairies), traversé par la rivière Dourdou aux berges plantées de peupliers d'aulnes, noyers, cornoilliers..... Les hérons cendrés y nichent tous les ans (plus ou moins de nids suivant la population de grenouilles et de campagnols, et les journées venteuses de plus en plus fréquentes …. photo, 12 nids en 2017). On peut y rencontrer, grandes aigrettes, poules d'eau, canards colverts, martins pêcheurs, grands cormorans, renards, castors, ragondins, c'est aussi le refuge des passereaux pendant les étés chauds. J'ai eu la chance d'y voir furtivement une loutre cherchant son repas, une famille de quatre visons d'Amerique en vadrouille.. 


 

Et puis il y a notre couple de milans noirs fidèle à ce coin de nature tranquille depuis 2015. Au printemps il lui arrive de se disputer avec les hérons pour l'occupation d'un nid . Ils arrivent en mars et repartent entre le 1er et 15 août, de plus en plus tôt suivant la population des rongeurs et aussi de l'âge de leurs poussins. Cette année ils nous ont quitté autour du 2 août, ils ont élevé deux petits, en 2021 ils en ont eu trois (photo). Cette année c'était le seul couple installé autour du Moulin Neuf, il y en a eu jusqu'à trois. La présence d'élevages porcin et ovin les attiraient. Le printemps humide n'a pas favorisé les populations de petits rongeurs et de lézards. Parfois aussi il faut qu'ils partagent la nourriture avec d'autres rapaces de passage au-dessus des jardins (photo d'un circaète Jean-le-Blanc).


 

Je dois aussi évoquer l'attitude bizare de nos hirondelles des fenêtres cette année. Elles sont arrivées au Petit Toulouse et Moulin Neuf comme en 2023 entre le 24 mars et les premiers jours d'avril. Celles qui ont retrouvé leur nid entier (environ 6 nids sur 30 opérationnels en 2023, dont celui de notre maison) se sont de suite installées, ont pondu rapidement et les petits sont nés vers le 29 mai. Leurs copines ont commencé la reconstruction le 9 mai, température idéale (20°), flaques d'eau, pas de vent, toujours quatre ou cinq ouvrières sur le même nid ... Mais les quelques jours chauds début juin ont fragilisé les nids, quelques uns se cassent et mais elles les recommencent... Tout se passait bien pour nos hirondelles, trois poussins ont vus le jour, le soir du 11 mai une dizaine d'hirondelles s 'activent (avec beaucoup de bruit) autour du nid nous pensons qu'elles invitent les poussins à s'envoler mais nous ne voyons pas de petites têtes apparaîtres. Le 12 au matin, un malheur s'est produit, le nid est éventré, sur le sol deux gros poussins morts (sans doute depuis un ou deux jours), un plus petit vivant. Nous avons eu l'impression quelles ont elles mêmes démoli le nid pour évacuer les cadavres. Nous avons récupéré le bébé en vie, et l'avons mis dans un nid d'emprunt à un métre de l'emplacement du nid, malgré ces appels désepérés quand il voyait sa famille en vol autour de son ancien domaine, aucune n'ai venu le nourrir. Deux jours après le nid était reconstruit, et nous nous avons nourris notre petit protégé sans grand espoir.... Attachant mais vorace, sachant nous rappeler qu'il était là, dix jours a lui donner la becquée, (ma surprise : il savait boire seul!). Le onzième jour refus de manger, et semblait vouloir s'envoler, alors nous lui avoir ouvert sa cage dans un endroit sûr loin des chats, au pied d'une maison portant douze nids occupés .... Le lendemain matin petite hirondelle s'était envolée. Ses parents n'ont pas eu de chance le nid reconstruit s'est aussi éventré avant la deuxième ponte et est devenu un reposoir .


 

Les hirondelles des maisons voisines ont eu plus de chance 26 nids ont abrité une ou deux couvées. A partir du 28 juillet, nous avons observé trois fois un comportement des hirondelles différent des autres années: à chaque endroit où les oisillons étaient prêts "à décoller", un grand nombre (jusqu'à une trentaine ou plus) d'individus se rassemblait accroché au mur près du nid, ou se posait sur les arbres voisins (photo ci-dessus), partait, revenait, en babillant beaucoup. Les nids vides sont abandonnés, le jour comme la nuit, depuis elles vivent dans les arbres près du Dourdou, à l'abri des grandes chaleurs et ne reviennent en groupe que le matin et le soir pour chasser au-dessus du hameau. Les années passées elles avaient cette attitude qu'à partir de la mi-septembre quand elles préparent leur migration. Pourquoi?


Voilà j'arrête mes "bafouilles", et en compagnie de notre "dragon" je vous dis au revoir et bonnes observations. 

 

Mariette, observatrice de l'ODS depuis 2013 et de la LPO depuis 2011


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